premier coaching en écriture avec un exercice basé sur l'association de mots
Dans un précédent post, j'évoquais les principes essentiels pour écrire au
quotidien . Dans cet article, voici un premier exercice d'écriture concret, basé sur l'association de mots, et dont je me sers fréquemment dans le cadre du coaching en écriture que je propose aux participants de mes ateliers d'écriture. Il vous permettra de collecter des
mots et d'écrire à propos de n'importe quel sujet, en restant connecté à votre singularité d'auteur.
Pour lui donner un arrière-plan concret, je vais partir d'une proposition d'écriture qui m'a été faite récemment par le journal Le
Progrès : réagir à propos de mots soumis par le journal et représentatifs de 2020 en rédigeant pour chacun un texte de 500 à 1000 signes.
L'un de ces mots est le duo « distanciel /présentiel ».
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1 / La recherche de mots associés
Quand je travaille sur un mot-clé autour duquel je veux développer un texte, un des mécanisme de créativité que je trouve le plus efficace et le plus ouvert est la recherche de mots associés à ce mot-clé.
Je peux travailler par association d'idées, en lien avec le sens du mot initial.
Attention, l'association d'idée ne se résume pas à trouver un synonyme. C'est bien plus vaste. En fait, c'est ce que moi, personnellement, subjectivement, j'associe à un mot existant. Si je prends l'exemple du mot « faute » : une personne peut l'associer à « orthographe », une autre à « abbé » car elle pensera au roman de Zola La Faute de l'abbé Mouret.
Je peux travailler aussi par association sonore, en construisant d'autres mots à partir de la matière même du mot initial. Là aussi, l'association sonore ne se résume pas à trouver un anagramme. Elle peut se construire sur une même sonorité forte, un groupe de lettres. Par exemple : avec le mot « ciel » : je peux faire les associations sonores suivantes : lice (plutôt anagramme), mais aussi fiel, fil, celle, sel, ile, liesse, ficelle, fils, miel etc...
Dans le travail de coaching en écriture, la recherche par mots associés offre d'énormes possibilités de collecte et donc de chemins d'écriture différents par rapport à un même mot initial.
Comment mettre cela concrètement en pratique ? Je reviens à la proposition d'écriture du Progrès et au fameux diptyque « distanciel / présentiel ». Comment écrire quelque chose sur ces termes rebattus tout en exprimant un ressenti personnel qui pourra entrer en résonance avec celui qui lit ?
Pour collecter des mots qui me permettront de me mettre en écriture, je décide de rassembler pour chacun des mots 10 mots par association d'idée et 10 mots par association sonore, en variant nom, verbe, adjectif, adverbe et en privilégiant des mots concrets (chaise, regarder...) plutôt que des mots qui renvoient à des concepts trop vastes (isolement, solitude, liberté...).
Pour « distanciel », voici ma collecte :
association d'idées
loin
lettre
carte
regarder
vide
séparer
cassé
connecter
espace entre
silence
association sonore
distorsion
stance
stand-by
se tendre
danser
nuance
stencil
distancer
céder
lande
Pour « présentiel », voici ma collecte :
association d'idées
chaise
main
respiration
bouger
battre
rythme
vibration
couverture
caresse
directement
association sonore
celle
près
tremper
liste
sentier
preste
sentinelle
transe
Antilles
prier
Je dispose ainsi d'un matériel de 40 mots pour construire mon texte. C'est la première étape.
2 / Le tri : mots pivots et mots satellites
Mais ces mots vont dans tous les sens, n'ont pas forcément de lien entre eux, m'égarent, me perdent. Comment aller plus loin ? Tout simplement en les regardant, en les observant, en les faisant rouler sous la langue.
Je vais isoler dans cet ensemble de 40 mots, ceux qui me « parlent », ceux qui peuvent faire sens couplés avec d'autres, ceux qui m'ouvrent un chemin auquel je n'aurais pas pensé.
Je vais laisser de côté pour l'instant les mots qui résonnent moins pour moi, me paraissent plus accessoires. Peut-être m'aideront-ils plus tard ? Peut-être participeront-ils juste de la matière, de l'épaisseur des phrases. A ce stade, je ne le sais pas encore.
Et c'est de cette incertitude-là que naît le désir. Désir d'aller vers une forme, une phrase que je vois se dessiner au loin, sans savoir encore distinctement de quels mots elle sera faite. C'est quand j'accepte cette incertitude, ce cheminement de l'indistinct au distinct que l'écriture se dénoue.
Pour « distanciel », voici mon tri :
association d'idées
loin
lettre
carte
regarder
vide
séparer
cassé
connecte
espace entre
silence
association sonore
distorsion
stance
stand-by
se tendre
danser
nuance
stencil
distancer
céder
lande
Pour « présentiel », voici mon tri:
association d'idées
chaise
main
respiration
bouger
battre
rythme
vibration
couverture
caresse
directement
association sonore
celle
près
tremper
liste
sentier
preste
sentinelle
transe
Antilles
prier
(en gras : les mots pivots)
3 / L'appariement : creuser le chemin du texte
C'est là que je peux jouer avec ma collecte, chercher des images fortes, des métaphores, construire des fragments en associant des mots issus des différentes collectes en utilisant tous les mots de la collecte.
Il est possible de modifier la collecte pour l'adapter à la construction des fragments : changer un nom en verbe, conjuguer un verbe, le transformer en nom etc...(voir brouillon, ci-dessous).

Mes fragments construits à partir des 40 mots :
danser sur l'espace entre la chaise et la main
je caresse le stencil de nos silences
au loin, de la lande écossaise aux Antilles
de nouveaux sentiers en stand-by
je me laisse distancer, tremper
je prie
ma respiration couvre la transe des lettres
regarder la distorsion
céder à la stance de la sentinelle
une connexion nous sépare
une carte vide et rapide
se tendre, se battre, vibrer en rythme
directement, sans nuance, je bouge au plus près de celle qui reste sur ma liste
(en gras : les fragments construits avec les mots pivots)
4 / Ce que j'ai produit à partir de ce processus
1er jet, à partir des fragments :
Je danse sur l'espace entre la chaise et la main. Je me tends, je bats, je vibre en rythme. Je me laisse distancer, tremper par cette connexion qui nous sépare. Comme une carte vide et rapide, je regarde cette distorsion sans céder à la stance de la sentinelle
Caresser le stencil de nos silences. Explorer de nouveaux sentiers en stand-by.
Je prie. Ma respiration couvre la transe des lettres. Directement, sans nuance, je bouge au plus près de celle qui reste sur ma liste, au loin, de la lande écossaise aux Antilles.
2e jet (réécriture et coupes ou intégration d'autres mots supplémentaires pour étoffer le texte, aboutir les images qui ont émergé avec la collecte de mots, aller vers ce que j'ai envie de dire) :
A distance, je danse entre la chaise et la main. Sur le clavier, je me tends, je partage mon écran, je vibre en rythme pour tous ceux qui voudront me rejoindre, au loin, de la lande écossaise aux Antilles. Malgré l'unisson apparent, je me laisse pourtant directement distancer par cette connexion vide et rapide qui nous sépare. Je regarde cette distorsion. Sommes-nous prêts à céder sans nuance à la stance de la sentinelle technologique ?
Puis, enfin, la transe des mots couvre nos respirations d'ateliers en ligne. Caméras et micros éteints, nous écrivons au plus près de nous-mêmes, caressons le stencil des cris et des silences. Chacun explore de nouveaux sentiers en stand-by, jusqu'au dernier mot qui reste sur sa liste.
Et maintenant, à vous de jouer !
Je vous encourage à tester l'exercice en rédigeant à votre tour un texte sur « distanciel / présentiel ».
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Isabelle Baillet (samedi, 02 janvier 2021 07:08)
J'adore le texte que tu as produit !
Meilleurs voeux à toi !
Sylvie Gier (samedi, 02 janvier 2021 22:34)
Merci Isabelle. J'imagine que cela t'a rappelé des souvenirs d'ateliers ;-) A bientôt !