Améliorez vos écrits avec le conseil littéraire

Coaching d'écriture commenté #2 - "Flânerie au jardin"

 

Dans ce deuxième coaching d'écriture commenté, je vous propose un exemple de conseil littéraire à partir d'un texte écrit en atelier. Le premier jet qui émerge d'un atelier, d'un rêve posé sur le papier au matin, d'un bout de réflexion griffonné sur un carnet est une matière brute. C'est comme une nappe sortie d'un tiroir et qu'il faut déployer pour en apprécier toutes les couleurs, les textures, les plis possibles. Le conseil littéraire, c'est vous aider à déployer cette nappe, à donner de l'épaisseur et de la densité à votre texte, à lui faire raconter une histoire singulière, la vôtre, celle que vos mots appellent.

 

En savoir plus sur l'atelier d'écriture Sylvie Gier sur la page d'accueil

Découvrir les autres articles postés par Sylvie Gier

S'inscrire à la newsletter de l'atelier.

conseil litteraire

 

1/ Texte initial

 

 

"Au cours de ma flânerie au jardin, j’aime admirer et humer les fleurs diverses et variées que j’ai plantées au cours des années. La plupart me racontent une histoire.

 

Le rosier Maria Callas me rappelle bien sûr ma maman qui m’a donné une bouture de ce beau spécimen ; et cette bouture est devenue un magnifique buisson. Ses fleurs si parfumées d’un rose soutenu rendent un bel hommage à la grande cantatrice qu’était Maria Callas !


Puis j’arrive au pied du magnolia, un bel arbre aux grandes feuilles d’un vert foncé et brillant. Hélène et Richard m’avaient proposé un rejet qui avait poussé dans leur jardin il y a déjà plusieurs années. Ses belles fleurs d’un blanc crémeux au parfum si délicat me procurent une sensation de bien-être … et je m’évade loin, très loin sur mon petit nuage parfumé !


Tout à coup l’odeur si particulière des fleurs mauves de lavande me transporte en Provence. Et mes deux pieds de lavande me font l’effet d’un grand champ prêt à être cueilli !


A regret, je rentre dans la maison…
Mais je sais que demain je retrouverai encore d’autres sensations parfumées lors de mes promenades quotidiennes dans mon jardin."

Un texte écrit par Violette, à l'occasion de l'atelier Ricochets

(Atelier d'écriture régulier à Lyon - PLVPB)

 

 

 

 

2/ Retours et piste de réécriture

 

 

Points forts

 

  • Place des sensations (vue, toucher, odorat )
  • Diversité des types de plantes qui ouvrent des pistes de développement différentes. Bonne idée de la flânerie au jardin qui permet d'égrener des souvenirs
  • Sensation de bien-être, univers qui « transporte », moment de sérénité.

 

Points à améliorer

 

  • Développer plus l'histoire reliée à chaque plante. On reste un peu sur « sa faim ».
  • Mettre plus en scène le personnage en action dans la scène, se déplaçant dans le jardin, se baissant vers les fleurs, regardant...
  • Situer le moment de la journée pour nous permettre de mieux comprendre la scène. Pourquoi est-elle obligée de rentrer dans la maison ? Le jardin semble être le contrepoint de quelque chose (travail, obligations, contraintes familiales ?) ? Elle pourrait rester là, s'asseoir...
  • Diversifier les façons de montrer la beauté du jardin, ce qu'il représente pour le personnage, éviter les tournures répétitives («fleurs diverses et variées », « beau spécimen », « magnifique buisson », « bel arbre », « belles feuilles »), être plus précis dans la description.

 

 

3/ Proposition de réécriture

Cette proposition  déploie les pistes ouvertes par le texte, en s'appuyant sur les aspects à améliorer. Elle reste bien sûr subjective, reliée à mon imaginaire, une parmi d'autres histoires possibles.

 

 

"Ce matin, je suis sortie tôt pour ma flânerie au jardin. Depuis toujours, j’aime admirer et humer ces fleurs, ces arbres que j’ai plantés au cours des années. Ils me racontent une histoire, mon histoire.

Je m'approche toujours en premier du rosier Maria Callas, dont maman m’a donné un jour une bouture. Elle adorait la grande cantatrice dont les disques passaient souvent à la maison. Trop souvent à mon goût de petite fille peu sensible à l'opéra. Mais avec le temps, j'ai appris à l'aimer, comme ces choses qu'on nous fait manger de force pendant notre enfance jusqu'à ce qu'on oublie qu'on les déteste. En revanche, je n'ai pas eu de mal à aimer la fleur. Cette bouture est devenue un magnifique buisson de fleurs aux pétales d’un rose soutenu. J'ai toujours du mal à m'arracher à cette odeur enivrante, capiteuse. Il me faut du temps, un regard circulaire dans le jardin, puis vers le ciel, pour donner congé à la rose, et à ma mère.

Butant sur les petites dalles qui parsèment le jardin, mes pas me conduisent au pied du magnolia. Il y a déjà plusieurs années, lors d'un de nos rares retours en France, Hélène et Richard m’avaient proposé un rejet de cet arbre aux grandes feuilles d’un vert foncé et brillant. Le parfum délicat des ses fleurs d’un blanc crémeux m'enveloppe de cette douceur qui me manque depuis que tu es parti. Je m’évade loin, très loin sur ce nuage de tendresse.

Le vent se lève et défait les molécules du parfum tendre pour les mêler tout à coup à l’odeur intense de la lavande. Je me retourne vers la droite du jardin où les quelques pieds mauves me font l’effet d’un grand champ prêt à être cueilli. C'est moi qui les ai arrachés à la terre que j'ai quittée pour toi, pour te suivre dans tes projets fous, tes errances, ta tendresse d'enfant émerveillé, pour le meilleur et pour le pire, comme on dit. Avec eux, je me suis, moi aussi, plantée ici, si loin de la terre de Provence. Dans ces parfums successifs, chaque morceau de moi se transforme et se fond dans un autre par une ronde heureuse et infinie. Rien ne change, rien ne s'arrête. Tout continue. Le jeune couple de locataires que j'ai trouvé n'avait jamais vu de lavande. Ils m'ont dit qu'ils prendraient bien soin du jardin, avec mes instructions.

A regret, je rentre dans la maison.
Ma valise est prête. Le taxi que j'ai commandé pour l'aéroport ne devrait pas tarder. Dans quelques heures, je serai loin de cette île, du petit cimetière marin où je les ai laissé t'enfouir dans la terre. J'en ai besoin. J'espère que tu me comprends. Je n'ai pas emporté de boutures. Je planterai d'autres espèces, ailleurs, dans une autre terre. Mais je sais que demain, dans un an, ou peut-être plus, quand je serai prête, je reviendrai flâner dans les parfums de ce jardin. "

 

Et vous, qu'auriez-vous écrit ?

 

En savoir plus sur l'atelier d'écriture Sylvie Gier sur la page d'accueil

Découvrez les autres articles postés par Sylvie Gier

S'inscrire à la newsletter de l'atelier

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0