Dans le ventre de l'accoucheuse

Quand vous cherchez un conseiller littéraire, vous vous demandez sûrement ce qu'a "dans le ventre" cette personne qui vous accompagnera, qui portera un regard extérieur et expert sur vos écrits.

Traîne-t-elle une boule d'angoisse existentielle qu'elle déchaînera sur votre pauvre manuscrit ? Affichera-t-elle un sourire béat en se caressant l'estomac tel un bouddha doré de restaurant chinois ? Peut-être rien de tout cela en fait.

Si le coaching littéraire est bien une affaire de tripes, c'est que chacun nourrit l'autre, à sa façon. Celui qui accompagne et celui qui est accompagné donnent à la relation sa texture spécifique, son émulsion.

 

 

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Le matin, 5 jours sur 7, mon ventre de coach se tord d'une angoisse chronique et très concrète : celle d'arriver en retard. Mais non. Nous sommes là. Juste quelques minutes avant l'heure fatidique. Tout va bien. Mon fils de 7 ans a passé les grilles de l'école, ou du centre aéré, ou du centre sportif, ces merveilleuses institutions qui permettent à la mère isolée que je suis de mener sa vie professionnelle. Ma première mission est accomplie. Bravo, Maman. You did it !

 

J'ai aussi une fille, bien plus grande, plus autonome, mais qui a d'autres besoins d'attention, et dont la garde alternée rend la présence saisonnière, arythmique. Mon ventre n'est jamais au repos, s'ajustant à tous ces tempos différents. C'est intense parfois mais c'est aussi, je m'en rends compte, un aiguillon fondamental pour m'autoriser à entreprendre et à porter mes valeurs dans le monde, à construire pas à pas mon tempo.

 

Après, tout s'enchaîne. Je marche jusqu'à mon bureau. Mon corps se déploie dans la rue, souple, élastique, heureux de la joie simple de retrouver son rythme. Je fais corps avec ce qui m'entoure. Parfois, je mets mes écouteurs et je me laisse accompagner par des musiques qui me font vibrer. Des rythmes latinos, du classique, du jazz, tout dépend de l'humeur. Souvent j'écoute simplement les bruits de la rue, les scènes de la vie, les bus qui s'arrêtent, les vélos... et mon ventre s'apaise. La respiration s'harmonise. Je pense aux rendez-vous de la journée. J'ouvre les mails. Je réponds aux personnes qui ont laissé des messages sur mon site internet, cherchent un conseiller littéraire pour leur projet d'écriture. Je rappelle les personnes qui veulent des infos sur les ateliers. Je prépare les participants potentiels aux ateliers ou aux stages à venir. Je fais un tour sur les réseaux sociaux, essayant d'apporter ma couleur au magma du monde.

 

Je fais brûler un peu d'encens Hem sur l'étagère. La fragrance s'appelle The Planet. Tout un programme. Impossible pourtant de savoir exactement de quoi sont composées les plantes compressés en bâtonnets, à moins de savoir déchiffrer l'hindi. Mais c'est agréable. Cela change l'atmosphère du lieu, comme prêt à tous les possibles.

 

Puis il y a les séances, en visio, ou en présentiel, séances de suivi ou, au contraire, débuts de projet. Et, subrepticement, tout change. Quelque chose s'éclaire pour le client, l'objectif paraît accessible, tangible. Quelque chose se dilate pour moi aussi, je suis dans l'instant, dans le flow. Le temps n'existe plus. Je suis là, dans la matière, avec l'autre, à batailler avec son projet, à mettre les mains dans le moteur. A accoucher ce qui se présente, là.

 

Ce n'est plus de mon ventre dont il s'agit mais de celui des autres. De cette histoire qui est là, qui attend qu'on la défende, qu'on la construise, qu'on la rêve, qu'on la répare, qu'on lui donne une place concrète.

 

Certains jours, c'est un temps de retour après une relecture de manuscrit. Je retravaille certains passages, en live à l'écran, avec la personne accompagnée. A d'autres moments, nous parlons de la présentation du projet, de la vie éditoriale, des différentes options de publication. Parfois, il n'y a pas de projet de publication derrière. Juste le plaisir et la nécessité de retravailler une histoire, de la porter dans le monde pour la partager avec les proches, les amis.

 

Et puis, c'est l'heure, le soir, je cours à l'école, au centre aéré, au centre sportif, l'ordi sur l'épaule, prête à m'ajuster à nouveau aux différents rythmes qui vont se présenter. Je me promets de ne pas déborder, de ne plus ouvrir mon ordinateur – sauf pour écrire les articles de la newsletter. Il y a aussi les soirs où il faut faire le ménage, la lessive, les courses. Les soirs où il n'y a plus de chocolat. Les soirs où je regarde Netflix. Les soirs où je m'endors à peine la tête posée sur l'oreiller, rassasiée de tous les récits nouveau-nés de la journée.

 

Attendant les vôtres, ceux qui sont là, dans votre ventre.

 

 

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