Trouvez l'inspiration pour écrire (4/4) : 4e session de mise en écriture

Après un troisième exercice d'écriture concret qui combinait travail alphabétique et association de mots, je vous propose une quatrième et dernière session de "mise en écriture" à partir d'un réservoir infini d'inspiration pour écrire : le dictionnaire !

Je m'en sers souvent dans mon travail d'auteure et dans mon approche de coach littéraire.
Comme pour le dernier exercice, je vais partir d'une proposition d'écriture qui m'a été faite par le journal Le Progrès : réagir à propos de mots soumis par le journal et représentatifs de 2020 en rédigeant pour chacun un texte de 500 à 1000 signes.
L'un de ces mots était  « quatorzaine».

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inspiration pour écrire

1 / Élargir : travail aléatoire avec le dictionnaire

Au hasard, je vais ouvrir le dictionnaire à 14 reprises, et consulter à chaque fois la 14e définition de la page. A partir de cette définition, j'extrais 2 mots.

Collecte à partir des 14 entrées de dictionnaires :
marcher : imprimer - pied
intestin : intérieur – estomac
tremble : feuilles – vent
corniche : versant – surplomb
pétillement : champagne – regard
hélas : regret – las
en-avant : faute – main
contresens : contraire – latin
bourbeux: marécage – marron
fripouille : voleur – malhonnête
bas-relief : sculpter- détache
aiguilleur : ciel – chemin de fer
tartufferie : fourbe – théâtre
asepsie : germe – contamination

 


2 / Le tri : mots pivots et mots satellites

Mais ces mots vont dans tous les sens, n'ont pas forcément de lien entre eux, m'égarent, me perdent. Comment aller plus loin ? Je vais isoler dans cet ensemble de 42 mots, ceux qui me « parlent », ceux qui peuvent faire sens couplés avec d'autres, ceux qui m'ouvrent un chemin auquel je n'aurais pas pensé.

Je vais laisser de côté pour l'instant les mots qui résonnent moins pour moi, me paraissent plus accessoires. Peut-être m'aideront-ils plus tard ?  

Voici mon tri : (en gras : les mots pivots)

marcher : imprimer - pied
intestin : intérieur – estomac
tremble : feuille – vent
corniche : versant – surplomb
pétillement : champagne – regard
hélas : regret – las
en-avant : faute – main
contresens : contraire – latin
bourbeux: marécage – marron
fripouille : voleur – malhonnête
bas-relief : sculpter - détache
aiguilleur : ciel – chemin de fer
tartufferie : fourbe – théâtre
asepsie : germe – contamination

 


3 / L'appariement : creuser le chemin du texte

C'est là que je peux jouer avec ma collecte, chercher des images fortes, des métaphores, construire des fragments en associant des mots issus des différentes définitions en utilisant tous les mots de la collecte.
Il est possible de modifier la collecte pour l'adapter à la construction des fragments : changer un nom en verbe, conjuguer un verbe, le transformer en nom etc...

Mes fragments construits à partir des 42 mots :
(en gras : les fragments construits avec les mots pivots)

un pied dans mon versant intérieur
un aiguilleur à contresens
le ciel tremble
un sculpteur malhonnête
feuille contaminée
faute au regret
vent contraire
imprimer dans l'intestin
un voleur qui parle en latin
les bas-reliefs de mon estomac
marcher sur les mains
un regard de théâtre, une tartufferie lasse qui n'en était que plus fourbe
dans les cahots du chemin de fer, le champagne avait un goût de marécage
un surplomb pétillant
la fripouille avait fait un en-avant
la corniche dominait la plage, bourbeuse, à l'eau marron
hélas, malgré l'asepsie, le germe s'installa

 


4 / Ce que j'ai produit à partir de ce processus

La feuille était contaminée.
Je rebouchai mon stylo et la mis en quatorzaine, à regret.
Ça racontait l'histoire d'un voleur qui parlait en latin, d'un sculpteur malhonnête au surplomb pétillant. Il y avait aussi une fripouille qui avait fait un en-avant, une faute de débutant, et cherchait, à chaque chapitre, à s'en sortir par un regard de théâtre, une tartufferie lasse qui n'en était que plus fourbe.
Par la fenêtre, à ma droite, le ciel tremblait, le paysage défilait. De la corniche, le train dominait la plage bourbeuse à l'eau marron. J'avais mal au cœur. Dans les cahots du chemin de fer, le champagne avait un goût de marécage. Le mal du voyage confiné s'imprimait dans mon intestin, creusant les bas-reliefs de mon estomac. J'avais l'impression de marcher sur les mains, comme un aiguilleur à contresens. Un pied dans mon versant intérieur, un autre dans mon histoire, j'essayais de résister à la nausée. Hélas, malgré l'asepsie, le germe s'installa. Fiévreuse, je dus me résigner à attendre la fin des vents contraires.

 

Et vous, qu'auriez-vous écrit ?

 

 

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